Historique

Témoignage de Denise Faivre, Fondatrice de l’ADESDA :

En 1984, a eu lieu l’année du Handicap et au cours d’une manifestation, j’ai été sollicitée pour témoigner de l’itinéraire de notre fille qui l’avait conduite à une intégration sociale et professionnelle satisfaisante.

Le témoignage a été le déclic, et le directeur DASS de l’époque m’a priée de venir lui exposer les détails de notre démarche. Aucune structure de prise en charge n’existait dans le département, c’est la raison pour laquelle, elle me dit souhaiter ouvrir une petite structure innovante. Elle m’a dit aussi : « Vous avez des idées, créez une association de parents convaincus et travaillez ! ».

C’était un peu direct ! Heureusement, nous étions quelques parents à avoir « galéré » et créer une association c’était un moyen, pour nous, de s’investir au profit de son enfant et au profit de ceux des autres.

L’association est créée en 1984 – elle a réfléchi, travaillé, s’est informée et a défini des objectifs clairs :

  • Maintenir nos enfants dans leur milieu familial,
  • Développer les aspects positifs d’une scolarisation en milieu ordinaire,
  • Etablir des liens entre les enseignants et le personnel spécialisé,
  • Madame le Docteur BUSQUET, connue pour être la spécialiste en surdité des enfants sourds, a été notre sésame auprès du Directeur DASS !..

Aidés des nouveaux textes officiels cadrant les types de prises en charge, nous avons élaboré un projet de création d’un « Service ce Soutien à l’Intégration » validé par la DDASS. Nous sommes allés le soumettre au Préfet de Région, au CROSS, à l’Education Nationale et enfin à la Sécurité Sociale qui devait être notre organisme financeur.

Sans vouloir retracer les obstacles que nous avons rencontrés, je voudrais simplement évoquer quelques-uns des risques que nous avons pris :

  • Nous étions une association sans fonds propres,
  • Chercher un local qu’il fallait réserver sans payer de loyer,
  • Etablir un budget qui ne serait alimenté que par le nombre d’enfants pris en charge,
  • Retenir le personnel sans l’embaucher, tout cela relevait d’une aventure acrobatique.

La providence a pourvu.

Quelques subventions ont été obtenues, l’enthousiasme des professionnels qui ce comptaient pas leur temps et les parents de l’association qui ont remis les locaux en l’état.

Nous sommes partis de ZERO et c’était il y a 20 ans !…

Un grand merci à tous ceux qui ont commencé l’aventure avec nous

Enfin, l’Arrêté Préfectoral de création est arrivé. Nous pouvions ouvrir à Carrières sous Poissy. Cinq familles ont frappé à la porte, deux ans après le centre accueillait 30 enfants.

Il était évident que l’accueil des enfants en école « ordinaire » rencontrerait une certaine défiance de la part des enseignants qui ne connaissaient pas le handicap et considéraient que les sourds n’avaient pas leur place à l’école mais dans des établissements spécialisés.

Une série d’échanges avec l’Inspecteur de l’Education Nationale a permis de lui faire percevoir notre conviction que nos enfants étaient capables d’acquérir les mêmes connaissances que les enfants entendants. Il a accepté de créer deux classes spécialisées, l’une à Mantes, l’autre à Saint Germain en Laye. Elles fonctionneraient avec une institutrice spécialisée dont le rôle serait de favoriser et soutenir l’intégration des enfants dans les autres classes –les orthophonistes interviendraient sur place-. Ce furent deux expériences très difficiles !… Le partenariat n’était pas connu et les orthophonistes se sentaient des intruses. Pourtant, grâce à la volonté de compréhension des uns et des autres, des expériences passionnantes ont été vécues et l’ADESDA, par la patience et la discrète obstination de Béatrice Choutt, s’et fait reconnaître comme un partenaire utile sinon indispensable par les enseignants qui acceptaient les enfants.

La situation de Carrières sous Poissy dans le nord des Yvelines, sa capacité d’accueil ne permettait pas d’admettre les enfants de la ville nouvelle et du sud du département. L’association a donc décidé en 1988 de proposer aux Tutelles un projet de service de soins –SAFEP-SEFIS- en ville nouvelle (les structures étaient officiellement nommées). Après quelques avatars, à savoir, un premier rejet, puis un refus de financement, nous avons enfin obtenu l’autorisation d’ouvrir un nouveau service en 1990 à Montigny le Bretonneux. Sa capacité d’accueil était de 20 enfants, son installation fut plus aisée financièrement grâce aux résultats excédentaires de Carrières sous Poissy qui ont permis d’équiper rapidement et d’une façon satisfaisante ce nouveau service.

Madame BRU en a pris la direction et l’ADESDA -les Reflets- a tissé sa toile, si je puis le dire ainsi, en se faisant reconnaître auprès des enseignants.

Nos enfants grandissaient, certains allaient devenir collégiens. Ils connaissaient leur école de quartier. La plupart avait un bon langage et le niveau pour être admis en 6ème. Aucun accueil n’existait dans les Yvelines. Le problème s’est posé à l’Association (il ne s’agissait pas d’ouvrir un troisième service à l’identique des deux autres mais de chercher comment l’Education Nationale pourrait accepter d’ouvrir un troisième service à l’identique mais de chercher comment l’Education Nationale pourrait accepter d’ouvrir un de ses établissements à ces collégiens. Les besoins n’étaient pas les mêmes. Les niveaux de langage étaient tels qu’on pouvait penser qu’ils puissent suivre dans une classe à effectif allégé : Les enseignements mathématiques, physique…. Seul posait question l’enseignement du français qui serait dispensé par un « professeur de sourds » de l’ADESDA, ainsi que les soutiens orthophoniques plus ou moins spécialisés. Après avoir travaillé, aidée par Madame PRANG qui avait l’expérience de l’intégration des jeunes sourds en secondaire, l’Association a décidé de proposer aux Tutelles la création d’une structure totalement innovante, officialisant le partenariat Education Nationale/ADESDA. En 1995, le service « secondaire », accueillant 25 enfants, est créé et madame PRANG entreprend de convaincre le principal de Noisy Le Roi de tenter un tel fonctionnement. Les professeurs du collège se sont investis et le personnel de l’ADESDA fut remarquablement accueilli.

Dans le cadre du projet, l’intégration individuelle était toujours mise en œuvre quand cela était possible. Les succès aux examens ont encouragé l’ensemble des équipes. J’ai d’ailleurs toujours été émerveillée d’entendre tous les enfants parler, c’est un vrai bonheur!

Quid de l’Association ?

Nous étions toujours une poignée de parents bénévoles – une centaines d’enfants étaient inscrits aux 3 services de l’ADESDA, qui de par leur création successive avait chacune leur indépendance – l’association est départementale et au regard des Tutelles, les fonctionnements des 3 services devenaient peu lisible et un peu chaotique.

A ce moment, l’association a traversé une « zone de turbulences », chaque entité voulait garder son indépendance et avait tendance à prendre quelques distances avec le projet initial. L’idée de la création d’une Direction Générale a fait son chemin et la réticence est venue du fait qu’elle serait assurée par un cadre de l’Education Nationale non spécialisé. Les responsables des services étaient certaines de la qualité des prestations qu’elles offraient et elles craignaient qu’une structure centralisée alourdisse le fonctionnement et qu’elles ne puissent plus assurer les prises en charges individualisées, travail pour lequel elles avaient étaient recrutées.

Il a fallu des mois pour que soit reconnu le bien fondé de cette décision. Philippe Cote Colisson a su organiser, structurer, sans heurt et 20 ans après l’ADESDA a grandi et connaît une certaine sérénité. D’autres projets sont à construire. L’association doit regarder vers l’avenir.